Portail Alimentation et tiers-lieux nourriciers

De Movilab
Aller à :navigation, rechercher
Sitetierslieuxnourriciers.png

S'acculturer[modifier | modifier le wikicode]

Pourquoi les tiers-lieux nourriciers ?[modifier | modifier le wikicode]

Eléments de contexte...[modifier | modifier le wikicode]

Dans la dernière décennie, le renouveau des circuits courts en France s’est élargi à un mouvement en faveur de la reterritorialisation de l’alimentation, consistant à articuler localement l’ensemble des étapes nécessaires entre production agricole et transformation (Chiffoleau, 2019). La crise de la Covid-19 est venue accélérer ce mouvement, en France comme dans d’autres pays du monde (Nemes et al., 2021). La guerre en Ukraine ne fait aujourd’hui que l’amplifier, avec le risque évident de privilégier une agriculture locale intensive pour renforcer l’autonomie alimentaire des pays et des régions, au détriment de la transition agroécologique et alimentaire (Pörtner et al., 2022).

La place des tiers-lieux nourriciers[modifier | modifier le wikicode]

Les tiers-lieux nourriciers en France peuvent alors jouer un rôle clé pour maintenir une reterritorialisation forte, vectrice de transitions, en affirmant leur contribution au développement d’une gouvernance alimentaire territoriale à la fois inclusive et au service de systèmes alimentaires plus durables.

Soutenue dès 2014 à travers les Projets Alimentaires Territoriaux (PAT) inscrits dans la Loi d’Avenir agricole, la reterritorialisation a en effet été pensée dans ce cadre comme une opportunité pour faire participer les acteurs locaux aux décisions concernant les systèmes alimentaires et les trajectoires de transition vers plus de durabilité.

Si les PAT ont permis d’activer cette gouvernance dans de nombreux territoires, leur cadre tend toutefois à rabattre la participation sur les acteurs institutionnels, laissant de côté les acteurs directement impliqués dans les actions autour de l’alimentation (producteur agricole, artisan, distributeur, consommateur…).Il s’agit  ici de montrer l’intérêt d’autres dispositifs, tels que les tiers-lieux nourriciers en particulier, pour favoriser une plus large participation tout en facilitant les échanges nécessaires à une meilleure compréhension des enjeux de durabilité. Les tiers-lieux nourriciers touchent en effet une diversité de publics et peuvent aller encore plus loin en ce sens en s’appuyant sur une approche renouvelée du territoire qui les entoure.

Ces « mondes sociaux » consistent en un assemblage d’acteurs, d’actions, de structures et de lieux liés à des domaines thématiques spécifiques (voir Figure 1). Ils structurent les territoires et les font évoluer ; ils ne se limitent pas aux sphères liées à l’agriculture, à l’alimentation ou au développement territorial mais interfèrent avec celles-ci à travers la consommation de produits agricoles et alimentaires, l’usage des terres et de l’eau, etc. Autant d’acteurs, d’actions, de structures et de lieux qui font le lien avec les habitants et peuvent faciliter leur participation aux décisions concernant les systèmes alimentaires mais qui restent souvent peu intégrés dans les dispositifs institutionnels de gouvernance alimentaire.

Dans l’objectif d’une gouvernance alimentaire territoriale plus inclusive, le tiers-lieu nourricier prend alors une nouvelle dimension, étant, par nature, un lieu de rencontre et de partage entre acteurs de mondes sociaux différents, sans que ce soit forcément pensé et animé ainsi. Le repenser sous cet angle peut aider les acteurs du tiers-lieu à mieux valoriser le rôle de leur structure auprès des acteurs publics, en complément des dispositifs institutionnels.

En facilitant de nouveaux liens avec et entre les mondes sociaux du territoire, en encourageant et en développant la participation critique des personnes, les acteurs d’un tiers-lieu peuvent ainsi jouer un rôle clé pour que la gouvernance alimentaire territoriale s’élargisse à de nouveaux acteurs, peu ou pas impliqués jusque-là, et les entraîne collectivement dans la transition agroécologique et alimentaire.

Participation critique et transition partagée[modifier | modifier le wikicode]

Les récits d’expérience des tiers-lieux font émerger plusieurs pratiques qui permettent d’élargir le champ des acteurs mobilisés (Dechancé et al., 2020). Organiser une rencontre informelle, conviviale, ludique est en effet un levier souvent efficace pour faire venir des acteurs du territoire peu ou pas concernés par les rencontres institutionnelles. Il s’agit alors de profiter de la présence de ces personnes pour les inviter à donner leur avis, à proposer des idées et/ou à faire valoir leurs compétences pour la transition agroécologique et alimentaire, en s’appuyant sur différentes activités Les actions des tiers-lieux doivent soutenir l’émergence d’une participation critique dans le territoire (Friedberg, 1972), c’est-à-dire permettre aux acteurs de maîtriser ce sur quoi et pourquoi ils sont invités à participer.

  Il est important alors que les acteurs du tiers-lieu fassent connaître leur initiative et leurs actions pour les transitions au sein de chaque monde social, en allant vers les espaces qui font partie du quotidien des personnes : une maison de quartier ou un club de sports (monde social des loisirs), une médiathèque (monde social de la culture), un comité d’entreprise (monde social de la production autre qu’agricole), etc. L’enjeu de la gouvernance alimentaire territoriale est de « faire avec et par » une diversité d’acteurs et non de « faire pour » un club de personnes déjà initiées à l’alimentation durable.

Source : Faire de l’alimentation durable l’affaire de tous ? Pour une meilleure reconnaissance du rôle des tiers-lieux nourriciers. Auteur : Yuna CHIFFOLEAU, Ingénieur agronome, directrice de recherche en sociologie économique à l’INRAE

Pour aller plus loin[modifier | modifier le wikicode]

Interview : Les tiers-lieux alimentaires, point de vue d’un élu - Interview de Ludovic Brossard, élu en charge de l’alimentation durable à la Ville de Rennes

Article : La Coopérative des Tiers-Lieux : Des tiers-lieux nourriciers pour reconnecter alimentation et agriculture

Quelques chiffres[modifier | modifier le wikicode]

  • 11% des tiers-lieux agissent dans l’agricole
  • 16% des tiers-lieux ont des partenariats avec des acteurs de l’agriculture et de l’alimentation
  • 22% des tiers-lieux disposent d’outils destinés à la production
  • 11% des tiers-lieux se définissent comme nourriciers
  • 33% des tiers-lieux souhaitent développer une résilience territoriale à travers l’agriculture locale et l’économie circulaire

Une diversité de modèles organisationnels[modifier | modifier le wikicode]

Développées depuis longtemps dans le secteur de l’élevage, des filières de proximité voient le jour depuis quelques années dans le domaine des céréales (Chiffoleau et al., 2021). Ces filières articulent, au sein d’un même territoire, production, transformation, distribution et consommation ; les acteurs (producteur agricole, meunier, boulanger, etc.) pouvant assurer une ou plusieurs de ces fonctions

L’analyse des filières de proximité, conduite dans le cadre du volet socio-économique du projet Activa-Blé (2018-2022), montre des agencements singuliers d’acteurs économiques, de la production de semences à la livraison des produits, qui sont le reflet des stratégies des initiateurs de la démarche.

Les modèles très intégrés[modifier | modifier le wikicode]

Dans les modèles très intégrés, nous trouvons par exemple les paysans-meuniers-boulangers, paysans-boulangers ou meuniers-boulangers, soit une même personne assumant plusieurs activités. Les protagonistes partagent une même volonté de maîtrise des étapes de la chaîne de valeur pour plus d’autonomie.

Les modèles collectifs à gouvernance partagée[modifier | modifier le wikicode]

Nous y trouvons des producteurs, meuniers, boulangers et/ou pastiers réunis autour d’un projet commun, qui déterminent ensemble les conditions de la coopération et formalisent leur engagement (vision/éthique partagée, qualité des produits, rémunération des parties…) par la rédaction d’une charte ou autre document directeur, et par la mise en place d’un organe garant de la cohérence d’ensemble (ex. : conseil d’administration d’une SCIC ou d’une association)

Les modèles partenariaux[modifier | modifier le wikicode]

L’organisation en filière est souvent initiée par un acteur économique de la transformation et/ou de la distribution qui souhaite reterritorialiser ses approvisionnements pour les sécuriser (en quantité et en qualité), en développant des relations B to B (activités commerciales nouées entre deux entreprises) gagnantes avec des opérateurs plus en amont. Les accords commerciaux peuvent être formels (contrat) ou informels (parole).

Les tiers-lieux en céréales locales[modifier | modifier le wikicode]

En complémentarité de ces trois modèles commencent à émerger des tiers-lieux (auto-définis comme tels ou non) qui portent en leur sein, s’associent ou soutiennent des filières alimentaires, avec de premiers cas de filières céréales locales.

Ces lieux n’ont généralement pas pour vocation première la production alimentaire, même s’ils y contribuent. Ils visent plutôt la co-création de connaissances, de réseaux ou projets nouveaux par l’organisation de rencontres, la mise à disposition d’espaces et d’outils de travail (ex. : moulin ou fournil itinérant, espace de transformation des céréales), la sensibilisation des habitants aux semences paysannes et/ou le soutien à des dynamiques locales émergentes. Ils ont la particularité d’associer des acteurs non-économiques, comme des citoyens, des élus, des chercheurs ou des collectifs culturels, artistiques… pour inventer des réponses nouvelles aux besoins locaux. Ils sont ainsi le siège de dynamiques hétéroclites d'échanges et de documentation contributive des savoirs et savoir-faire, et participent directement ou indirectement au développement de co-innovations à l’échelle locale. Ces dernières sont susceptibles d’amener un renouveau dans l’exercice des métiers et leur perception, dans une perspective agroécologique (ex. : co-développement de produits nouveaux à partir d’outils low tech, valorisant les ressources locales, documentation des connaissances produites dans un esprit des communs, partage de la valeur, pluriactivité).

Source : Les tiers-lieux, maillons des filières de proximité ? Auteure : Juliette PERES, Responsable du développement du projet associatif FAB’LIM, Le Labo des Territoires Alimentaires Méditerranéens

Projets remarquables[modifier | modifier le wikicode]

La Grange des Roues à Sorgues (Vaucluse) : Le lieu a pour vocation de soutenir l’implantation d’artisans des céréales grâce à la mise à disposition d’espaces et d’outils dédiés à la fabrication de moulins (menuiserie), à la production de farines (moulin sur meule de pierre et à cylindres) et de pains (fournil) biologiques à base de variétés anciennes, mais aussi à l’échange de savoirs et savoir-faire autour de l’artisanat et à la valorisation des produits (dans l’épicerie et à l’occasion d’évènements culturels). Grâce aux équipements fournis, les porteurs de ce tiers-lieu cherchent à favoriser, préserver et promouvoir la culture et la sauvegarde des variétés anciennes, mais aussi des méthodes traditionnelles de mouture .

Le Moulin des Garrigues à Valflaunès (Hérault) : le lieu produit des céréales de variétés anciennes et met à disposition des producteurs de l’Hérault et du Gard, un moulin low tech, itinérant, actionné par des énergies renouvelables . La farine est distribuée en circuits courts sur les marchés locaux, dans un esprit de partage et d’échange avec les consommateurs et les habitants.

La restauration scolaire durable et la régie agricole municipale de Mouans-Sartoux

Alterfixe - s'installer en maraîchage collectif

Ressources documentaires[modifier | modifier le wikicode]

Les collectifs actifs sur le sujet[modifier | modifier le wikicode]

Pages avec le thème Alimentation[modifier | modifier le wikicode]

Soutenir Movilab

Vous pensez que nous allons dans le bon sens ? Si vous en avez l'envie nous vous invitons à nous rejoindre ou à faire un don.