La méthodologie Movilab

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"C'est lorsque l'on se revendique d'un commun qu'on le renforce." - SuperConcierge
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  • Elle est semblable à l’acte de cultiver des légumes ou à une recette dans un livre de cuisine.
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Étape 1 : la recherche macro / méta[modifier | modifier le wikicode]

Promouvoir et incuber des modes de vie durables in vivo présuppose tout d'abord de ne pas "réinventer la roue", mais au contraire de capitaliser sur les connaissances, expérimentations ou réalisations existantes ayant démontrer leur pertinence, leur faisabilité et leur succès et ainsi repartir de ces acquis. La première étape dans la démarche de Movilab vise à donc à conduire une recherche à la fois théorique et conceptuelle sur le champ d'intérêt, mais aussi à repérer les bonnes pratiques en vue de leur documentation pour réplication à d'autres contextes et sur d'autres territoires.

Ainsi, un projet portant sur l'économie de la fonctionnalité p.ex. devra être balisé sur un plan conceptuel et théorique. Il conviendra ensuite de pouvoir identifier les entreprises qui ont déjà déployé un business model relevant de l'économie de la fonctionnalité pour en documenter l'histoire et les trajectoires de développement. Ce travail de documentation vise à produire ce que nous appelons dans Movilab le code source du projet. Dans l’univers des logiciels libres, le code source fait référence aux lignes de codes du logiciel que l’utilisateur peut librement consulter, s’approprier et modifier. Il n’y a donc pas de boite noire lorsque le code source est ouvert. Par analogie, le code source Movilab fait référence à l’ensemble des clés de compréhension d’un projet, mis en forme via des didacticiels, vidéos d’illustration, données techniques, constitution de communautés d’entraide, forum, … Une fois mis librement à disposition d’usagers potentiels, ce code source peut être approprié et adapté à de nouveaux contextes, favorisant de fait la réplication et la pollinisation. Ce wiki donne de nombreux exemples de codes sources sur les projets remarquables que nous analysons.

L’écriture des codes sources, c’est à dire la formalisation des clés de compréhension des projets à documenter, repose sur une méthodologie particulière qui maximise les chances de pollinisation réussie des expériences vers d’autres territoires. Ce travail démarre systématiquement par une interrogation sur l’histoire du territoire dans lequel le projet prend part et sa mise en récit (le storytelling). Lire le passé et le mettre en récit, c’est en effet offrir un moyen de comprendre le présent et de bâtir le futur. Et la notion de territoire peut ici faire référence à un territoire institué ou un territoire projet. Dans l'exemple de l'économie de la fonctionnalité, il s'agira de mettre en récit les trajectoires de développement de l'entreprise qui ont fait émerger (et qui permettent donc de comprendre) les raisons pour laquelle cette dernière à entrepris d'innover sur son business model.

La rédaction du storytelling d’un territoire va permettre de comprendre ses trajectoires de développement, de comprendre ses projets passés et d'y inscrire ses projets futurs. Ce travail, loin d’être anecdotique – l’anthropologie ayant mis en évidence le rôle de la mise en récit et de la construction de mythes sur la diffusion et le partage des savoirs – est au cœur des projets de pollinisation des savoirs et des bonnes pratiques de Movilab. Il permet en outre d'interroger la qualité d'un "terreau" d'accueil pour des projets innovants (degré de maturité du territoire et des acteurs en place, sens du projet par rapport à l'histoire du territoire, capacité de mobilisation d'acteurs en place autour du projet, ...).

La seconde spécificité méthodologique de Movilab consiste à mettre l’accent sur les communautés d’acteurs qui portent les projets, y participent, y mettent de l’énergie et les font vivre au quotidien. Un projet, aussi prometteur soit-il, n’a que peu de chance de réussir s’il ne parvient pas à mobiliser une communauté d’acteurs qui se l’approprient, le portent et le développent. Cartographier les acteurs de la première heure, celles et ceux qui les ont rejoint ensuite, documenter les processus participatifs en interrogeant les modalités d'appropriation des projets, la motivation à y participer, les succès et les échecs vécus, ... bref documenter l'histoire humaine qui jalonne tout projet, sont au cœur du processus d'écriture des codes sources.

Ce double travail de storytelling d'une part et d'écriture des codes sources d'autre part permet à tout porteur de projet potentiel inspiré d'un projet remarquable d'interroger la capacité du territoire et de la communauté d'acteurs à l'accueillir et le développer. Elle renvoie donc non seulement à la qualité et la pertinence intrinsèque d'un projet à être répliqué, mais également à la qualité ou la maturité d'un terreau d'accueil (territoire, entreprise, ...) à initier un tel projet.

L'ensemble des codes sources ainsi produits sont finalement considérés comme des biens communs mis à disposition librement dans une logique d'open source, de telles sortes qu'à l'instar du code source logiciel, n'importe qui puisse s'en saisir, se les approprier, les enrichir et les améliorer pour de prochains usagers.

Lire le concept des Territoires Intelligents et Communautés Apprenantes (TICA)

Étape 2 : l'incubation en territoire in vivo[modifier | modifier le wikicode]

L'incubation de projets visant à encourager les modes de vie durables au sein de territoire donné peut être impulsée de deux manières :

  • L'identification d'un projet remarquable dans un territoire donné avec une volonté de réplication dans un autre territoire
  • l'expérimentation d'une innovation jusqu'alors non observée ou non testée ailleurs

Dans le premier cas, s'il est indéniablement utile de disposer de la documentation et du retour d'expérience d'un projet exemplaire issu d'une expérience locale ou internationale pour s'en inspirer pour son propre projet, l'analyse des bonnes pratiques (benchmarking) a largement démontré que disposer de la "recette" d'un projet ne suffit généralement pas à en garantir la transférabilité à d'autres contextes. Beaucoup de projets sont en effet dépendant des ressources locales qu'ils mobilisent, de la spécificité du territoire dans lequel ils prennent corps. Du coup, faire atterrir à Lille un projet initialement observé à Fribourg par exemple, ne va pas de soi.

Afin de comprendre les conditions de réplicabilité et de transférabilité de projets à d'autres contextes, Movilab va incuber dans les territoires pilotes d'incubation partenaire ces projets en documentant selon la méthodologie précitée toutes les étapes d'incubation. Comme dans le travail de documentation, cela va prioritairement consister à identifier et travailler avec un premier noyau d'acteurs porteurs du projet, et à le doter des ressources et moyens utiles à son autonomisation. L'accent est donc à nouveau mis prioritairement sur les processus participatifs, étant fidèle ainsi au principe d'innovation bottom-up défendu par Movilab. À nouveau, l'ensemble des codes sources produits durant ces phases d'incubation sont ensuite mis librement à disposition des usagers potentiels pour réutilisation.

Dans certains cas, l'incubation ne naît pas d'une volonté de réplication d'un projet déjà expérimenté ailleurs, mais plutôt d'une volonté d'expérimenter une réelle nouveauté. Tester un nouveau modèle de régie agricole municipale fonctionnant en agriculture biologique pour développer des boucles d'approvisionnement vers les cantines scolaires de la ville est un exemple de telles innovations.

Les Tiers Lieux représentent l'écosystème propice et favorable à cette incubation.

Étape 3 : L'interprétation et le passage à l'échelle[modifier | modifier le wikicode]

L'enjeu fondamental de Movilab est le passage à l'échelle. Comment polliniser les bonnes initiatives observées ou incubées dans des territoires pilotes pour changer d'échelle et induire des changements à plus vaste échelle ? Un important travail théorique est actuellement en cours pour comprendre les processus viraux et les modalités de contagion des idées (objet-art, identification des points nodaux et des passeurs, détection et modalités de motivations des 1 à 5% de primo-contributeurs actifs, comment rester au-dessus du bruit d'Internet, ...). Nous nous fondons notamment sur les travaux en anthropologie relatifs au développement des faits culturels et la circulation des idées.

  • Qu'est-ce qui provoque le repli, la clôture, l'exclusion ?
  • La culture est-elle synonyme de clôture ? Sur base des travaux sur le lignage / le territoire de Barbara Glowczewski et sur les travaux de Michael Wesch sur l’anthropologie du Net, comment pouvons-nous décortiquer les rites, les objets cognitifs et les modalités de transmission ?


Il s'agit également de questionner les politiques territoriales et industrielles pouvant potentiellement faciliter la transition vers les modes de vie durable. Quels sont les investissements requis en matière d'infrastructures « lourdes » (réseaux numériques, équipements fixes ou mobiles, tiers-lieux, ...) et « soft » (animation de réseaux, appels à projets, exemples d'organisation de l'espace-temps public, leviers tels que les cartoparties, la Web TV participative, les Wiki radios, la formation des animateurs...) ?

  • Pouvons-nous créer une typologie des tiers lieux engagés dans le libre et/ou le durable (comme par exemple, les ruches, les cantines et le coworking, relais associatifs, les espaces culturels, les médiathèques, …) ?
  • Qu’apprenons-nous des échecs de certains de ces tiers lieux ?
  • Pouvons-nous documenter les clés du succès des tiers-lieux qui parviennent à devenir des espaces où l'on apprend à vivre et travailler autrement (p.ex. le Comptoir Numérique et Brest) ?
  • Quels sont les modèles d'éducation mutuelle ou des réseaux d'échanges réciproques ?
  • Quelle est la place de l'ESS dans ces tiers lieux et ces territoires d’innovation ?
  • Partant des exemples analysés, quels soutiens les territoires peuvent-ils offrir pour abriter et déployer de tels espaces d'incubation in vivo (animation, facilitation de flux, événementiel ouvert) ?

Les clés du dispositif Movilab[modifier | modifier le wikicode]

Afin de faciliter le travail sur ces 3 étapes, Movilab dispose de clés, qui sont autant de points cruciaux dans notre dispositif.

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Le cœur de Movilab, qu'il s'agisse du travail de documentation ou d'incubation, repose sur un ensemble de piliers importants.

  • Les producteurs open-source sont toutes celles et tout ceux qui vont nous aider à travailler à la production des codes sources ou qui vont participer au portage des projets incubés sur les territoires pilotes. Étudiants, chercheurs et centres de recherche, professionnels-amateurs, bénévoles, hackers, animateurs sociaux, acteurs du tissu associatifs, ... sont autant de producteurs open-source potentiels. Les étudiants de Skema par exemple sont de plus en plus souvent invité à associer à leurs expériences pédagogiques une mise en lien avec Movilab.
  • Les tiers-lieux sont des milieux de création de modes de vie durables in vivo au sein des territoires. Le tiers-lieu offre à ses publics un espace et des leviers pour cultives des communs. En y insufflant la logique Movilab, ces tiers-lieux peuvent devenir des espaces de co-production de modes de vie durables (voir à ce titre le projet d'évolution des ERIC en tiers-lieu de coproduction de modes de vie durables).
  • L'économie du partage, et plus largement l'ensemble des nouvelles initiatives portées par des acteurs ou des collectifs et visant à expérimenter de nouveaux modèles favorisant les modes de vie durables. Économie de la fonctionnalité, économie collaborative, économie contributive locale en open source, business model inclusif, entrepreneuriat social, économie circulaire,... sont autant de nouveaux modèles connaissant un engouement et une croissance importante. Ils peuvent demain porter l'alternative au système insoutenable classique.
  • Les médias d'intelligence collective : télévision citoyenne participative, médias sociaux, espace de diffusion des idées (p.ex. TED), ... bref tous ces outils structurent de nouveaux processus participatifs, permettent de donner à voir des savoirs-faire et de les partager, de les améliorer et de les diffuser largement. Ils sont un maillon indispensable du passage à l'échelle (voir p.ex. l'open source ecology project)
  • Les médiateurs des usages numériques : jardiniers de ces espaces d'intelligence collective, ils structurent et améliorent sans cesse les outils et les contenus collaboratifs, animent les communautés, mettent de nouvelles ressources à disposition des acteurs, ... Ils appuient ainsi les processus participatifs et émancipe les individus vers la plus grande autonomie possible face aux nouveaux usages numériques.


Afin de passer à l'échelle, il faut ensuite pouvoir compter sur des moyens nouveaux, apportés tantôt par des fonds publics (MEDDE p.ex.), des collectivités territoriales (la Région PACA p.ex.) ou des fonds d'investissements et des incubateurs plus traditionnels.


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