ComicesDuFaire 2019/MonnaieLibre

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Prise de note de la "mini-conférence" sur la Monnaie Libre[modifier | modifier le wikicode]

Dorian nous a proposé un temps d'échange sur la notion de monnaie, en lien avec son expérience d'un projet alternatif : la monnaie libre. Ces notes sont à reprendre/améliorer par les participant·es à l'échange ;)

En Bref[modifier | modifier le wikicode]

Nous avons discuté de la création monétaire actuelle, d'une autre proposition (la Théorie Relative de la Monnaie) et de son application pratique : la June. Trois membres de la Ğ1 étaient présents, dont deux venu·es spécialement aux Comices suite à une annonce sur le forum monnaie-libre. Les échanges ont été riches, avec une comparaison aussi aux monnaies locales et aux SEL (systèmes d'échanges locaux). En fin de session, il a été proposé la création d'un portefeuille pour l'Atelier Z (en tant que structure) afin d'accepter les dons en junes et peut-être débuter quelque chose...

Les liens à retenir :

!! Bien que les sites aient le même aspect visuel, il s'agit de projets différents : ne réutilisez pas vos mots de passe de l'un à l'autre !!

Monnaie[modifier | modifier le wikicode]

La monnaie sert aux échanges de biens, quand le troc trouve ses limites. L'exemple des "trois producteurs" a été utilisé : si A produit des poissons, B du pain et C du maïs, le troc ne leur permet pas d'échanger tout le temps. En revanche, une référence commune, qui mesure la valeur des choses produites, permet à A d'avoir du pain alors que B ne veut pas de poisson (par exemple).

Création monétaire classique - intérêts et croissance[modifier | modifier le wikicode]

Pour obtenir de la monnaie, et donc avoir cette référence commune, les trois producteurs doivent faire un emprunt à la banque (commerciale). C'est le seul moyen de création monétaire aujourd'hui, car les banques publiques (les États) ne font plus "tourner la planche à billets". Chaque emprunt vient augmenter la "masse monétaire" en circulation dans l'économie.

L'argent prêté sert aux échanges, et une fois que chaque producteur a acheté les biens qu'il souhaite, la masse monétaire empruntée peut être rendue au banquier (elle est alors "détruite"). Mais un problème apparaît avec les banques commerciales : il faut aussi rembourser les intérêts du prêt, ce qui nécessite de créer de la monnaie. Or celle-ci n'apparait que par emprunt, il faut donc ré-emprunter pour rembourser les intérêts, et faire de la "croissance" dans l'économie (ie aller chercher de nouvelles ressources) pour compenser.

On observe ainsi que le système monétaire oblige donc les acteurs à jouer le jeu de la croissance. Les projets "alternatifs" ou décroissants qui s'appuient sur l'euro/le dollar/etc... ne sont pas libres de leurs actions.

Théorie Relative de la Monnaie[modifier | modifier le wikicode]

Un économiste français, Stéphane Laborde, a étudié les systèmes monétaires et a proposé en 2011 une autre définition, pour obtenir un outil de mesure de la valeur (ie une monnaie) qui respecte les libertés de ses utilisateurs. Il a nommé ses travaux "Théorie Relative de la Monnaie" (TRM) en référence à la théorie de la relativité, d'Einstein. En effet, il a cherché à définir un outil de mesure qui ne subisse pas d'effets relatifs (à l'instar de la vitesse de la lumière).

En particulier, cet outil doit respecter une égalité dans le temps et dans l'espace :

  • Temps : la monnaie créée en premier ne doit pas "valoir plus" que celle créée ensuite, en favorisant le premier arrivé (+ héritage).
  • Espace : la monnaie disponible à un endroit doit mesurer la même chose que celle disponible ailleurs. Aujourd'hui, les prêts sont plus abondants dans les zones "riches" du territoire, et donc la monnaie est plus abondante et mesure "moins".

La TRM reste indépendante de la notion d'offre/demande : il est normal que des biens (pain, poisson, logement) valent plus cher à certains endroits du fait de leur rareté. Mais l'unité de mesure doit rester la même.

Une monnaie qui respecte la TRM est alors nommée "monnaie libre" : il peut y en avoir plusieurs, avec des modalités pratiques/techniques différentes, mais qui ont la même propriété d'invariance.

Contrairement à toutes les autres unités courantes (poids, temps, distance), la monnaie n'a pas de référentiel physique du type "mètre-étalon" ou "nombre de rotations d'un atome" (cf https://fr.wikipedia.org/wiki/Seconde_(temps) ). Le principal référentiel adopté par la TRM est alors l'espérance de vie humaine. En effet, la monnaie servant aux échanges pendant notre vie, c'est un point de départ intéressant. Ce paramètre (moyenné à l'échelle d'une société qui utilise une monnaie libre) sert de base à la création monétaire.

Création monétaire dans la TRM[modifier | modifier le wikicode]

Pour respecter la TRM, la création monétaire est distribuée : chaque utilisateur de la monnaie en crée la même quantité, à intervalles réguliers. La quantité, nommée "Dividende universel" (DU), est indexée sur la masse monétaire déjà présente : plus on a de monnaie en circulation, plus on va en créér par la suite. Cette disposition permet de ne pas avantager les premiers participants à l'économie.

On voit que la masse monétaire va donc croître de manière exponentielle : comment mesurer la valeur des choses ainsi ? En utilisant non pas l'unité de monnaie elle-même, mais le "Dividende Universel" comme étalon de mesure.

Mise en pratique de la TRM - Duniter et Césium[modifier | modifier le wikicode]

En 2017, des informaticiens ont repris les travaux de Stéphane Laborde pour créer un logiciel, qui réalise une monnaie libre. Cette partie décrit donc une monnaie libre (la première et seule à ce jour) et il s'agit avant tout de dispositions pratiques, un choix singulier parmi d'autres pour réaliser la TRM.

La monnaie créée a été nommée la Ğ1 ("june") en référence aux Ğ-valeurs, les invariants en théorie économique. Elle dispose d'une licence d'utilisation, que chacun s'engage à respecter dans l'usage de la monnaie : https://duniter.org/fr/wiki/licence-g1/

Le logiciel créé, Duniter, se base sur la technologie "blockchain", mais fait l'inverse du Bitcoin, qui est une économie de la rareté. Plusieurs serveurs co-écrivent ainsi un grand livre de comptes, qui liste les transactions, les créations monétaires, etc.. Le tout étant basé sur du logiciel libre (et open-source), et co-développé par plusieurs personnes en France. (La communauté technique reste cependant un point de fragilité du projet à ce jour, tout le travail étant réalisé bénévolement).

Pour utiliser cette monnaie, il faut un logiciel "client" sur un ordinateur (ou ordiphone) qui permet de faire des transactions. Un logiciel-client est aussi disponible sur le web : Césium (par exemple ici : https://home.tchack.xyz/cesium/ ). Tout le monde peut donc ouvrir un "portefeuille" Duniter et échanger en junes, avec un simple navigateur internet.

Création monétaire dans la Ğ1[modifier | modifier le wikicode]

Les paramètres de cette première monnaie libre ont été définis au lancement, le 8 mars 2017 : l'espérance de vie retenue est de 80 ans, le Dividende Universel (DU) est créé chaque jour avec un montant initial de 10Ğ1, et son montant est réévalué à chaque équinoxe.

En Juillet 2019 soit deux ans et 5 mois après le lancement, il y a 2160 membres, qui ont créé 8 880 905.36 Ğ1, soit 881 917 DU cumulés.

Certification et Toile de Confiance[modifier | modifier le wikicode]

Pour devenir "membre" et co-créer de la monnaie, il faut être certifié dans la "Toile de Confiance". Cela permet d'éviter des attaques par des acteurs malveillants (double création de compte notamment), en garantissant que chaque individu, au long de sa vie, ne fera qu'une création monétaire à la fois. A terme, cette Toile de Confiance sera remplie par les personnes notre entourage local, que nous connaissons socialement, mais pour la phase de démarrage de la Ğ1, ce mécanisme informatisé est nécessaire.

Modalités de certification : Avec un compte simple, on publie une demande de certification depuis un logiciel client. Puis 5 personnes (au moins), qui vous connaissent et peuvent vérifier votre engagement au respect de la licence, doivent envoyer une certification (via leur logiciel client), dans un délai de deux mois. Dès que le seuil de 5 est passé, votre compte simple devient "Compte Membre".

Monnaies Locales[modifier | modifier le wikicode]

Certain·es participant·es connaissaient le Léman, monnaie locale suisse créé après la guerre (cf https://www.rts.ch/info/economie/7817502-leman-ou-farinet-a-quoi-servent-les-monnaies-locales-.html ). D'autres existent, en France plus d'une cinquantaine en 2019 (cf le site des MLCC et l'article Wikipedia à ce sujet). Comment les monnaies locales se positionnent par rapport aux monnaies libres ?

Elles ne répondent pas à la même question : une monnaie locale permet de favoriser le commerce local, en ayant une zone géographique d'usage limitée. Mais (en France du moins), elles restent dans le carcan du système monétaire actuel, car la règlementation fiscale prévoit que 1MLocale =1€ à tout instant, et que chaque unité MLocale doit correspondre à 1€ déposé en compte séquestre : on ne peut donc pas créer de monnaie, juste en substituer !

A l'inverse, les monnaies libres ne favorisent pas spécifiquement le commerce local : elles répondent à la problématique de trouver une unité de mesure de la valeur qui respecte tous ses utilisateur·ices.

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