Webinaire "Développer et animer son ancrage territorial"
Ce webinaire a eu lieu le 10 avril 2025, dans le cadre du SAV des tiers-lieux (par La Compagnie des Tiers-Lieux).
Intervenant : Fabrice Dalongeville, maire d'Auger-Saint-Vincent et initiateur du Café Citoyen de la commune.
Animatrice : Séverine Giret (Compagnie des tiers-lieux)
Présentation de l'intervenant[modifier | modifier le wikicode]
Engagement public[modifier | modifier le wikicode]
"Je suis maire d'un village dans l'Oise, Auger-Saint-Vincent, qui compte aujourd'hui 548 habitants. C'est mon quatrième mandat. A l'ancienne région Picardie, j'ai été en charge du tourisme sur le dernier mandat de la région, de 2010 à 2016. Aussi, j'ai été vice président d'une intercommunalité aussi sur des questions d'attractivité et de tourisme. Je suis également impliqué dans l'association des maires du Hauts-de-France."
Consultant en développement local[modifier | modifier le wikicode]
"À côté de cela, je suis consultant depuis une quinzaine d'années, spécialisé dans le développement local (avec une focale un peu sur les territoires ruraux, mais pas que). J'interviens aussi dans des métropoles, sur des problématiques d'attractivité, de développement et de formation. Je suis journaliste de métier et de formation. Je suis diplômé d'une école de journalisme et j'ai fait des études d'histoire. Il y a une dizaine d'années, j'ai repris des études sur les questions d'attractivité dans un master 2 à Sciences Po. Je combine un peu toute mon expérience pour travailler sur les questions de développement local."
Et...citoyen engagé ![modifier | modifier le wikicode]
" Il y a quatre ans, on a créé une initiative municipale, mais avec un engagement citoyen derrière. Le Café Citoyen, dans le jargon, c'est un tiers lieu culturel. Pour les habitants, c'est un café. On fabrique du lien à travers de nombreuses actions. Je me présente comme un élu, mais aussi comme un citoyen engagé aussi. Je suis un représentant de l'État comme maire, mais la libre-administration communale est importante. J'ai une approche plutôt communaliste qu'un représentant de l'État."
Présentation du café citoyen d'Auger-saint-Vincent[modifier | modifier le wikicode]
"Pour présenter le Café Citoyen et son apparition, il faut vous imaginer une place de village, dans un village assez ordinaire, mais avec un côté patrimonial assez sympa. Il y a une vraie place avec une église, un presbytère, et la mairie n'est pas loin. Le Café Citoyen, on l'a installé dans le presbytère, sur la place."
Présentation générale[modifier | modifier le wikicode]
Le bâtiment concerné fait 300 m² et a été entièrement réhabilité pour accueillir deux activités distinctes mais complémentaires :
- Un gîte touristique, aménagé sur la moitié de la surface,
- Un café associatif, également appelé Café Citoyen, sur l’autre moitié.
Le mot citoyen est central dans le projet, tant pour sa vocation que pour sa gouvernance.
Portage foncier et financement[modifier | modifier le wikicode]
Ce projet a pu voir le jour grâce à un partenariat avec l’Établissement Public Foncier du département de l’Oise, qui a permis un portage foncier stratégique. Cela a donné le temps nécessaire à l’émergence du projet, un processus naturellement long et progressif.
Le coût total s’élève à 580 000 €, financé à 70 % par des subventions publiques. Le reste, à la charge de la commune, est amorti grâce à l’exploitation du gîte.
Fonctionnement des activités[modifier | modifier le wikicode]
- Le gîte touristique est géré en régie communale. Il constitue une ressource économique essentielle pour assurer le retour sur investissement.
- Le Café Citoyen est géré par une association dédiée, qui développe de nombreuses activités culturelles, sociales et citoyennes. Il bénéficie d'une licence IV et propose :
- Une offre de café et d’épicerie en circuits courts,
- Des paniers hebdomadaires via une AMAP,
- Une programmation musicale régulière (2 à 3 événements/mois),
- Une activité théâtrale, avec une compagnie en résidence,
- L’accueil d’artistes en résidence, en lien avec le gîte.
Missions de service public et actions sociales[modifier | modifier le wikicode]
Le lieu accueille également une permanence France Services chaque mercredi après-midi, en lien avec un centre social labellisé. Une action mensuelle pour les aidants est proposée (sophrologie, socio-esthétique, etc.). Cela fonctionne très bien !
Ancrage culturel et citoyen[modifier | modifier le wikicode]
Un pôle édition et un pôle citoyenneté structurent les actions engagées autour de la démocratie participative (ex. : cahiers de doléances, réalisation d’un documentaire).
Une nouvelle dynamique autour de la science émerge également, suite à des demandes exprimées lors de la dernière assemblée générale.
Le lieu a été labellisé Fabrique de territoire en 2023 et renouvelé en 2024.
Coopérations territoriales[modifier | modifier le wikicode]
Le projet s’inscrit dans une dynamique collective avec quatre autres tiers-lieux du secteur est de l’Oise, dans une volonté de constitution d’un commun écoculturel dans le tiers-est du département.
L'idée est d'accompagner le développement de l’association L’Art en Chemin, active depuis une dizaine d’années pour relier art et territoire rural.
Le lieu se positionne comme acteur engagé dans une bataille culturelle pour défendre une ruralité vivante face à la centralisation métropolitaine. Il fédère environ 150 adhérents.
Gouvernance[modifier | modifier le wikicode]
À sa création, le conseil d’administration était majoritairement composé d’élus. Aujourd’hui, seuls 2 membres sur 13 sont encore des élus, reflétant une gouvernance plus ouverte et citoyenne.
La majorité des usagers et bénévoles viennent de l’extérieur du village, bien que le rayonnement local reste fort.[modifier | modifier le wikicode]
Le lieu rayonne à fois à l'échelle de la commune mais aussi celle du territoire. Un tiers de la fréquentation provient du village, deux-tiers de l'extérieur. Cette proportion se retrouve aussi dans notre conseil d'administration.
Ancrage local et vie quotidienne[modifier | modifier le wikicode]
Le Café Citoyen s’inscrit dans une démarche citoyenne initiée depuis plus de 15 ans, notamment avec la Journée Citoyenne, temps fort de mobilisation collective autour d’actions concrètes dans le village.
L’obtention d’une licence IV a permis de renforcer l’activité du café.
Le lieu s’insère dans un écosystème vivant, avec la venue hebdomadaire de food trucks (pizza, friterie) et l’ouverture récente d’un point de restauration (grillades lusitaniennes) dans un hameau de la commune.
Environnement territorial[modifier | modifier le wikicode]
La commune appartient à une communauté de 62 communes, à la limite ouest du territoire. Elle est également située dans le Parc Naturel Régional Oise – Pays de France, un partenaire stratégique pour l’appui en ingénierie et en financement.
Ce positionnement permet d’établir des alliances territoriales différenciées selon les interlocuteurs et leurs leviers d’action.
L'ancrage territorial, clé de la robustesse des initiatives en milieu rural[modifier | modifier le wikicode]
Quand un projet se pose sur un territoire, la question de l’ancrage est très importante. Elle conditionne sa viabilité dans la durée. On a pu le constater, localement, à travers plusieurs expériences. L’une d’entre elles m’a particulièrement marqué : celle du CCR d’Hermenonville, un centre culturel de rencontre installé dans un parc exceptionnel, soutenu par le Département avec une ambition nationale. Tout tournait vers l’extérieur, en particulier vers l’Île-de-France. Mais le jour où le soutien politique et financier s’est effondré (changement de majorité), le projet s’est retrouvé sans base locale pour prendre le relais. L’ancrage avait été négligé. Le territoire, en somme, ne s’y reconnaissait pas.
À l’inverse, notre café citoyen, lui, est né du territoire. Et il s’y ancre jour après jour. Le mot "citoyen" n’est pas un accessoire marketing : il signifie une construction collective, où habitants et élus locaux avancent ensemble. Il ne s’agit pas simplement d’ouvrir un lieu, mais de fabriquer du lien, de repérer les dynamiques locales, les usages, les besoins réels. Ça demande du temps, de l’écoute, de l’observation. L’erreur serait de croire qu’un bon concept suffit à créer l’adhésion.
Un projet ancré, c’est un projet capable de tenir dans la durée, y compris quand des crises surgissent. Là où le CCR a flanché dès la fin des financements, le café tient bon, porté par des alliances locales solides. Pour moi, l’ancrage garantit la résilience. Il oblige aussi à questionner notre dépendance : de qui ou de quoi dépend notre projet ? Et inversement, de qui souhaitons-nous rester indépendants ?
Chez nous, le café repose sur un double ancrage : communal et citoyen. Il y a une forme d’alignement entre le projet municipal et l’engagement des habitants. Mais tout ne se joue pas avec la commune : d’autres alliances peuvent se révéler tout aussi pertinentes, comme celle nouée avec le Parc naturel régional (PNR).
Un des leviers majeurs de l’ancrage, c’est de comprendre les temporalités des acteurs en présence : le temps d’un mandat politique, celui d’une association, celui d’un habitant... Il faut accepter que tout le monde n’avance pas au même rythme.
Et puis, il faut aussi aller chercher les gens, même ceux que l’on pense a priori hostiles. Le projet doit être lisible. C’est pour ça qu’on a mis en place une convention d’objectifs et de moyens entre la commune et le tiers-lieu. Ça crée de la transparence, ça aide à dissiper les malentendus, à lever les a priori. Car oui, il faut aussi faire preuve d’humilité : avant le café, les gens vivaient sans. Ce n’est pas parce qu’un projet existe qu’il est légitime de fait. C’est dans la preuve par l’usage qu’il gagne sa place.
S’ancrer localement ne signifie pas renoncer à porter une vision. Il ne s’agit pas de reproduire ce qui existe, mais d’ouvrir de nouveaux possibles – quitte à aller à contre-courant. Parfois, des choses qu’on n’avait pas prévues surgissent : l’émergence de nouvelles alliances, par exemple sur les questions du "prendre soin". Ce n’était pas un axe initial, et pourtant c’est devenu une dynamique structurante.
Et pour consolider un ancrage, parfois il faut passer par des reconnaissances extérieures. On le sait bien : nul n’est prophète en son pays. Une labellisation nationale ou régionale, comme "Fabrique de territoire", ça aide à être perçu différemment localement. C’est un levier politique et symbolique.
Pour des structures entièrement indépendantes, y compris financièrement, et soucieuses de préserver cette autonomie, la question des alliances se pose clairement — que ce soit avec des acteurs publics ou d’autres sources de financement. C’est une réflexion que nous menons actuellement, avec l’équipe et les personnes impliquées, en nous inscrivant dans une vision à long terme : six à dix ans.
Nous construisons nos actions avec cette perspective. Il ne s’agit pas simplement de répondre à des enjeux de court terme. À ce jour, la structure repose exclusivement sur l’engagement bénévole. Aucun salarié n’y est intégré.
Nous avons expérimenté un poste de chargée de production à raison d’une trentaine d’heures par mois pendant quatre mois, principalement en télétravail, mais cela n’a pas été concluant.
Nous poursuivons néanmoins le travail avec la compagnie de théâtre en résidence, qui fonctionne très bien. Mais cela nous amène à nous interroger sur les limites de l’implication bénévole. Aussi précieuse soit-elle, elle ne suffit pas toujours à faire vivre un projet dans la durée.
À terme, il sera nécessaire d’intégrer du salariat, de manière progressive et réfléchie. C’est aussi une condition essentielle pour assurer la soutenabilité humaine du projet.
Le modèle économique[modifier | modifier le wikicode]
"Aujourd'hui, qu'est-ce qui permet de garantir une certaine pérennisation du projet sur le territoire ? Aujourd'hui, tu es maire. J'entends que les choses sont assez cadrées avec cette convention pour pas non plus, j'imagine, aussi mettre en danger le café. Est-ce que vous avez des projets ? Justement, quand tu parles du bénévolat, salariat, est-ce que là, vous pensez rester dans cette forme de bénévolat ou est-ce que vous pensez professionnaliser parce que vous pensez qu'il y a un réel besoin et que c'est un des éléments qui va garantir la pérennité du projet ou pas spécialement ou pas que ?"
Avec les labellisations, nous avons bénéficié d’un apport financier important, mais la question de la pérennité se serait posée tôt ou tard. Aujourd’hui, une des co-directrices de la compagnie de théâtre en résidence est également impliquée bénévolement dans la programmation du café. Cela illustre bien les porosités entre les engagements bénévoles et les fonctions nécessitant un soutien plus structuré.
Sur le plan de l’organisation, les bénévoles sont répartis selon leurs domaines d’implication : musique, théâtre, produits locaux, citoyenneté, édition, gestion, comptabilité... Mais certains, notamment sur l’accueil et le bar, s’investissent bien au-delà de ce qu’autorise un engagement bénévole régulier. Cela interroge notre rapport à la juste reconnaissance de ces investissements. À terme, il faudra certainement envisager une forme de rémunération pour certains postes. Par souci d’équité, mais aussi pour éviter les déséquilibres dans l’organisation.
Toutefois, nous restons vigilants : de nombreuses structures se fragilisent en professionnalisant trop vite. Nous ne voulons pas tomber dans ces travers. Le risque d’épuisement, lié à des métiers-passion où l’engagement est total, est réel. Il faut laisser de la place à la vie personnelle et veiller à préserver l’équilibre.
Nous n’avons pas de modèle figé. Nous observons ce qui se fait ailleurs, comme à La Plume à Loup, où les bénévoles reçoivent une forme de rétribution via une monnaie locale. Ce sont des pistes inspirantes.
Côté économique, le projet bénéficie d’une base solide. Le gîte, avec un bon taux de remplissage, couvre largement le remboursement des emprunts contractés par la commune. L’activité de l’association du café citoyen est également bénéficiaire. Cette stabilité nous évite de courir après les subventions ou de répondre à une multitude d’appels à projets pour sécuriser les équipes.
Cela nous permet d’avancer à notre rythme, en restant disponibles pour les projets qui émergent localement. Par exemple, un festival des doléances a été co-construit récemment, à partir d’une dynamique citoyenne. Ces projets ne sont pas toujours prévus, mais ils répondent à de vrais besoins. Et comme on dit : quand on n’avance pas, on tombe.
Comment faire venir les gens ?[modifier | modifier le wikicode]
"Comment les gens ont finalement été amenés à s'intéresser au projet et à participer? Parce qu'en fait, c'est facile de convaincre les convaincus. Mais comment on va au stade supplémentaire que le projet s'ancre plus à des gens qui étaient ou sceptiques ou juste neutres ?"
Convaincre les convaincus est relativement simple. Mais l’enjeu, pour réellement ancrer le projet localement, est d’aller au-delà et de toucher des personnes plus en retrait, sceptiques ou simplement indifférentes au départ.
Cela prend du temps. Par exemple, dès le lancement du café citoyen, nous avions proposé des temps de jeux le mercredi après-midi. Il a fallu près de trois ans pour que cette activité trouve son public. Aujourd’hui, c’est devenu un rendez-vous hebdomadaire incontournable, notamment pour des personnes âgées du village. Des groupes d’amies d’environ 80 ans s’y retrouvent régulièrement. Le jeu devient un prétexte pour échanger, discuter, rompre l’isolement.
D'autres activités concrètes comme le tricot ont également permis de créer des liens durables. Le café est ainsi devenu un espace d’habitudes partagées, à la fois convivial et sécurisant.
Il faut aussi prendre en compte la spécificité du lieu : dans ce village, il n’y avait plus de café depuis près de sept ans. Or, dans un territoire rural, on ne fréquente pas forcément un bar comme en ville. Le lien social, la confiance, la convivialité y sont déterminants. Les habitants se demandent qui fréquente l’endroit, avec qui ils risquent de se retrouver, s’ils seront à l’aise dans les échanges, et même ce que les autres penseront de leur présence.
Cela implique de penser les usages avec soin. Par exemple, nous n’avions pas prévu de soirées karaoké au départ. Aujourd’hui, nous en organisons plusieurs par an : elles permettent de brasser un public plus large, intergénérationnel, qui ne serait peut-être pas venu autrement.
Le bénévolat au Café citoyen d'Auger-Saint-Vincent[modifier | modifier le wikicode]
"J'imagine que vous avez des bénévoles qui sont plus intégrés, qui sont là tout le temps, d'autres qui viennent et vont. Mais on parle de à peu près combien de bénévoles en fait ?"
Le projet repose sur un socle fort d’adhérents et de bénévoles. Nous comptons environ 150 adhérents, parmi lesquels 13 personnes composent le conseil d’administration – véritable noyau dur du projet.
En termes d’implication, cela représente environ 4 équivalents temps plein (ETP) de bénévolat, ce qui permet de « faire tourner la boutique ». Une douzaine de bénévoles réguliers participent activement à l’organisation des activités et à la vie du café.
Autour de ce noyau, de nombreuses personnes s’impliquent ponctuellement, en fonction des événements : concerts, festivals, soirées food trucks, etc. Lors de ces moments, la mobilisation est toujours au rendez-vous, qu’il s’agisse d’aider à l’installation, au service ou au rangement. Ce ne sont pas forcément des bénévoles « identifiés », mais ils répondent présents dès qu’on les sollicite.
Cette dynamique repose aussi sur une philosophie d’accueil et d’ouverture : toute proposition d’aide est acceptée, même si le besoin immédiat n’est pas identifié. Ce principe renforce le sentiment d’appartenance et d’utilité de chacun.
Dans un village de 540 habitants, la mobilisation est impressionnante : lors des journées citoyennes, entre 80 et 120 personnes se réunissent pour participer. Cela témoigne d’une forte capacité d’engagement local, à condition de savoir activer les bonnes dynamiques et de rester ouvert aux contributions.
Le rayonnement du café citoyen en dehors de la commune[modifier | modifier le wikicode]
"C'était pour savoir, quand on parlait d'ancrage, par exemple, s'il y a 150 personnes sur la place pour la friterie, 540 habitants dans l'OG Saint-Vincent, quelle est la proportion d'habitants du village et quel est le rayon, la zone de chalandise ou le rayon d'influence du café ? . En gros, à combien tu estimes la proportion dans la clientèle de gens qui sont du village ? Est-ce qu'on est plutôt sur un quart ou sur trois quarts ?"
En termes de fréquentation, environ un quart à un tiers des personnes présentes lors des événements réguliers, comme la soirée friterie du vendredi, sont des habitants du village d’Auger-Saint-Vincent, qui compte 540 habitants. Le reste du public provient de l’extérieur, avec un rayon d’attractivité estimé à une trentaine de kilomètres autour du village.
Ce périmètre varie selon la programmation proposée. Certaines soirées attirent davantage de public local, d’autres séduisent un public plus large, venu spécifiquement pour une proposition culturelle ou festive. Ce phénomène dépasse le cadre du café citoyen : d'autres associations du village, comme le comité des fêtes, observent les mêmes dynamiques.
Le public extérieur vient notamment de villes proches telles que Crépy-en-Valois (10 km), Senlis (15 km), Pont-Sainte-Maxence (25 km) ou encore Compiègne (28 km). Ces communes plus importantes ne disposent pas toutes de tiers-lieux comparables : le territoire reste relativement peu équipé en espaces hybrides de ce type.
Quelques initiatives existent toutefois : un tiers-lieu récent à Senlis, un camion mobile nommé Horizons à Pont-Sainte-Maxence, ou encore l’Hermitage à Autrèches (à 40 km), davantage tourné vers le théâtre. Mais aucun ne combine, comme ici, café citoyen, hébergement touristique, programmation culturelle et espace de vie sociale, ce qui confère à l’équipement un caractère unique dans le secteur.
Ce manque d’offre équivalente dans les environs explique en grande partie la capacité du lieu à fédérer un public venu d’un large territoire, tout en conservant une base locale solide et engagée
Le café et les prochaines élections[modifier | modifier le wikicode]
D'un point de vue tactique par rapport à l'échéance des élections municipales qui arrive en 2026, pour essayer de mieux comprendre les projets de territoire, et comme tu disais tout à l'heure, d'identifier les alliances qui sont les plus pertinentes par rapport à la vision qu'on a de ce qu'on veut faire, et comment on peut s'aligner avec ces visions-là.
Au niveau tactique, est-ce qu'il vaut mieux laisser passer l'échéance électorale, voire essayer d'échanger avec les candidats qui se profilent ou qui vont renouveler à l'échelle de la commune, mais aussi peut-être à l'échelle de la communauté commune, donc de l'EPCI. Que conseillerais-tu dans cette situation de transition qui s'annonce ?
"Tout dépend de la situation locale. La question de la relation à la collectivité, à la commune, pour moi, elle est vachement importante, parce qu'elle peut faciliter ou rendre difficile l'installation ou le développement d'un lieu, malgré tout."
À l’échelle locale, la relation avec la commune est importante dans le développement d’un projet de tiers-lieu. Le soutien, ou a minima la non-opposition de la municipalité, peut faciliter ou au contraire freiner fortement l’installation et la pérennisation d’un tel projet.
Il faut avoir en tête le bénéfice que représente le lieu pour les habitants de la commune, parce que les habitants sont éloignés de ce genre de querelles potentielles ou pas. Il ne faut pas attendre les élections municipales pour rentrer en contact, surtout pas. Si le projet est déjà amorcé, incubé, en recherche d’un ancrage ou en phase de création, il est essentiel de communiquer dès maintenant sur ses intentions et sa plus-value pour la commune. Il s’agit avant tout de porter à connaissance l’enjeu du projet, dans une posture de dialogue et de construction commune.
Il est aussi important d’observer la dynamique électorale locale :
- L’équipe municipale actuelle va-t-elle se représenter ? Si oui, avec quelle légitimité ou chance de victoire ? D’éventuels candidats ou listes émergentes montrent-ils un intérêt pour le projet ou une vision compatible ?
Cette veille permet d’ajuster la stratégie de contact, tout en restant neutre politiquement, surtout si personne dans l’équipe du projet ne prévoit de s’impliquer dans une liste.
Dans les petites communes, un projet citoyen actif peut rapidement être perçu comme une alternative politique. Il est donc essentiel de maîtriser sa communication, pour ne pas être vu comme un cheval de Troie politique, sauf si cette posture est assumée.
L’expérience montre que les élus en place peuvent, consciemment ou non, se sentir menacés par un projet structurant qui mobilise, attire l’attention et fait bouger les lignes. Même sans volonté de nuire, une municipalité peut entraver un projet, ou à l’inverse devenir un allié puissant. D’où l’importance d’un dialogue ouvert mais stratégique.
Le renouvellement des EPCI a lieu dans la foulée des municipales. C’est donc une échéance secondaire mais à anticiper également. Il est utile d'identifier si l’interco a déjà une politique en faveur des tiers-lieux ou de l’économie sociale et solidaire, repérer les élu·es qui s’y intéressent, comprendre si des vice-présidents ou le président actuel vont continuer et si des appels à projets, schémas de développement ou dispositifs d’appui peuvent être mobilisés.
Le café et le budget contributif[modifier | modifier le wikicode]
"Pourquoi ne pas mettre en place un budget contributif ? J'ai entendu parler tout à l'heure d'une envie de rémunération. On a parlé salariés, on n'a pas parlé budget contributif. "
Oui, c'est une très bonne question. Et on va y bosser, en fait, je pense. Parce que j'ai vu ça hier, quand je suis allé à la Plume à loup. Je pense que cela peut résoudre une partie des problèmes sans passer par du salariat pour le moment.